Chapitre 18

 

 

— Tout allait si bien, marmonna Néomi.

Cela ne fit qu’accroître la colère de Conrad. Ces trois derniers jours, le chemin de la guérison avait été sinueux et chaotique. Parfois, même, il était reparti en sens inverse.

Comme en ce moment, précisément. Au comble de l’énervement, il allait et venait devant la fenêtre sur le rebord de laquelle elle était assise.

— Néomi, jure-moi que tu iras prendre cette clé ! Mes frères seront à coup sûr de retour ce soir.

Ils avaient déjà un jour de retard sur ce qui était prévu.

— Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas parler de ça.

Il était hors de question pour elle de lui donner la possibilité de se libérer. Murdoch avait dit que si on lui rendait la liberté trop tôt, Conrad risquait une rechute, et elle craignait qu’il n’attaque ses frères si la rage s’emparait de lui au mauvais moment.

Au cas où sa résolution vacillerait, il lui suffirait, de se souvenir que Conrad avait craché du sang à la figure de Nikolaï moins de deux semaines plus tôt.

Pendant des siècles, ses frères l’avaient cherché sans relâche. Néomi se refusait à être l’imbécile de fantôme qui l’avait libéré alors que son état s’améliorait.

Elle prenait des risques en lui cachant que la clé était déjà en sa possession. Stricto sensu, elle ne lui avait jamais menti, elle avait plutôt éludé le sujet, mais elle imaginait sans peine sa réaction s’il l’apprenait. S’il découvrait que la clé de sa liberté était cachée dans un chausson, dans son studio, sa colère serait violente dans un premier temps, puis il reviendrait à la charge sans arrêt, insisterait, encore et encore, la harcelant. Et elle ne voulait pas de cela.

Pas maintenant, alors qu’il avançait sur la voie de la guérison, lentement mais sûrement.

— Je sais que tu vois mes frères comme des héros, poursuivit-il en cessant son va-et-vient. Mais si mon état ne s’améliore pas, ils me tueront, Néomi.

Elle ne le croyait pas, mais savait qu’il était inutile d’essayer de le convaincre du contraire.

— Tu penses vraiment que je laisserais quelqu’un te faire du mal ici ?

Quiconque tenterait de tuer son vampire se retrouverait projeté dans les airs, direction le bayou et les alligators.

— Tu ne comprends pas ce qui est en jeu ! rétorqua-t-il brusquement, mais sans crier. Au cas où tu ne les aurais pas entendus, leur intention est de mettre fin à mon malheur.

Les muscles de sa mâchoire se tendirent, signe précurseur de l’éruption de fureur.

Il était encore, hélas ! sujet à ces crises de colère.

Un mâle comme lui ne pouvait tout simplement pas supporter d’être pris au piège. Il se sentait impuissant en permanence et ne parvenait pas toujours à maîtriser son agressivité.

Parfois, il lui semblait avoir affaire à un baril de poudre sur le point d’exploser. Malgré tout, elle voyait une certaine pureté dans cette rage. Louis n’avait été que dissimulation, tromperie, hypocrisie. La rage de Conrad était brute, sans apprêt. On savait exactement à quoi s’attendre.

Cela ne signifiait pas pour autant qu’elle se soumettrait s’il cherchait à lui faire mal. Elle avait lu un jour un article sur la nécessité d’établir des limites entre soi et les personnes de son entourage, y compris les plus proches. Quand leur comportement s’avère inacceptable pour soi, il faut les sanctionner en leur accordant moins d’attention. Chaque fois que Conrad se conduisait de façon désagréable, elle s’en allait, tout simplement – ce qui avait malheureusement pour effet de redoubler sa colère.

Au bout d’un certain temps, il se calmait et venait la retrouver dans la folie, ou dans le jardin. Sans oser la regarder en face, il lui tendait la main en disant d’un ton bourru : « Allez, viens » ou bien : « Ne reste pas à l’écart comme ça. »

— Bon sang, Néomi, mais pourquoi ne veux-tu pas faire cela pour moi ?

Lorsqu’il donna un coup de poing dans son mur, le vase déborda.

— Je t’ai dit et répété de ne pas abîmer ma maison, Conrad, dit-elle du ton le plus calme possible. Elle ne ressemble peut-être pas à grand-chose, mais c’est tout ce que j’ai. Si tu ne veux pas respecter ma volonté, alors je n’ai plus envie d’être avec toi.

Pour qu’il ne puisse pas la suivre, elle glissa dehors, dans le soleil de la fin d’après-midi. Après avoir traversé le jardin, plus touffu que jamais, elle suivit le chemin qui menait à la folie.

Comme elle s’en approchait, elle entendit des créatures invisibles glisser sous l’eau. Elles percevaient facilement sa présence, alors pourquoi les autres n’y parvenaient-ils pas ? Pourquoi seuls Conrad et les animaux en avaient-ils conscience ?

Chaque fois qu’il tentait de se maîtriser, il sortait lui aussi et marchait dans le jardin. Lorsqu’elle aperçut dans les hautes herbes, contournant les cyprès pour suivre la rive, le chemin qu’avaient tracé ses bottes, elle eut un pincement au cœur. Que vais-je faire ?

Il faisait tant d’efforts. Et des progrès, aussi.

Elle l’avait vu prendre un chiffon et nettoyer ses bottes crottées du mieux qu’il pouvait, comme le soldat qu’il avait été autrefois. Il se douchait chaque jour, se brossait les dents, se rasait. Bon, il ne se rasait que tous les deux jours, mais elle aimait son visage assombri par une barbe naissante. Chaque jour au coucher du soleil, elle surmontait sa répugnance et lui apportait une tasse du sang laissé par ses frères, que Conrad ne buvait que parce que l’effort fourni par Néomi le touchait. Déjà, il avait meilleure mine ; ses muscles retrouvaient leur souplesse.

Mieux il allait, plus ils parlaient. Tous deux en avaient terriblement besoin. Souvent, ils trouvaient un rythme, et la conversation allait bon train, les arguments s’échangeaient, s’emboîtaient, comme si leurs pensées étaient des pièces d’un même puzzle.

— J’aime la façon qu’ont nos paroles de se rencontrer, quand nous discutons, lui avait-elle dit. Pas besoin d’explications ni d’éclaircissements – c’est comme si nous savions tous les deux que nous nous comprenons. Un peu comme la danse.

— Ou le sexe ?

Elle avait souri.

— Seulement si c’est bien.

Il avait eu un hochement de tête confiant.

— Alors nous, ça serait bien.

Seigneur, oui

Ils s’entendaient sur tous les points. Oui, il était à demi fou, mais elle, fantôme de l’ère de la Prohibition doté d’un faible pour les préservatifs, les biscuits chocolat-guimauve et les soutiens-gorge, n’était pas à proprement parler en contact avec la réalité.

Conrad la voyait, et sa présence semblait être la seule chose à pouvoir calmer son esprit. Il guérissait, et elle était plus heureuse qu’elle ne l’avait été pendant ces quatre-vingts dernières années. Deux âmes brisées, ensemble dans ces lieux abîmés, avaient trouvé une certaine forme de contentement.

La présence de Conrad n’était peut-être pas le fruit du hasard, comme Néomi l’avait d’abord cru.

Peut-être était-il censé la sauver de cette existence maudite ?

Et peut-être n’avait-elle pas retenu la leçon enseignée par Marguerite L’Are. Si quelqu’un devait la sauver, ce ne pouvait être qu’elle.

Au crépuscule, Conrad la rejoignit.

— Je n’endommagerai plus ta maison, dit-il d’un air à la fois fier et contrit.

— Je t’en remercie d’avance.

Il lui tendit la main.

— Je voudrais que tu rentres avec moi.

— Non, Conrad. Pas ce soir.

Il serra les dents. Elle savait que son refus le frustrait non seulement parce qu’il avait envie d’être auprès d’elle, mais aussi parce qu’il éprouvait, au plus profond de lui-même, le besoin de la protéger.

Comme s’il considérait que c’était son droit.

Chaque fois qu’il posait les yeux sur elle, désormais, son regard s’assombrissait et devenait plus possessif.

— J’ai peut-être abîmé des choses, mais j’en ai aussi réparé d’autres, fit-il remarquer.

— C’est vrai.

Ayant trouvé dans la vieille cabane à outils de quoi redonner au manoir un peu de sa prestance, il avait réparé et cloué les fenêtres qui en avaient besoin et avait remis en place la porte d’entrée principale.

Ensuite, comme s’il obéissait à un instinct qui lui ordonnait d’assurer le confort et la sécurité de Néomi, il s’était occupé de rendre la grande chambre vivable. Le nouveau matelas avait été installé sur le lit à baldaquin, et divers meubles trouvés ici et là avaient été disposés dans la pièce. Au grenier, il avait déniché une coiffeuse ancienne et un fauteuil assorti dont même Néomi ignorait l’existence.

Après avoir miraculeusement réussi à nettoyer le conduit de cheminée, il avait allumé un feu – même s’il ne semblait pas souffrir du froid, et elle encore moins – et lui avait annoncé qu’elle dormirait désormais dans cette chambre, avec lui.

Il avait dit cela sur un ton qui rappelait ses origines aristocratiques et son statut de seigneur de guerre d’un autre siècle. Conrad Wroth avait l’habitude d’être obéi.

Il était donc resté perplexe devant l’éclat de rire de Néomi, qui avait qualifié son attitude de « charmante », avant de lui rappeler qu’elle avait déjà un endroit à elle.

Le fait qu’elle dispose d’une cachette dans laquelle elle retournait chaque jour l’agaçait profondément.

En l’occurrence, cela le plongea dans une colère noire.

— Alors, viendras-tu ?

Elle ne fit pas mine d’obtempérer. À voir l’expression de Conrad, il était clair que s’il l’avait pu, il l’aurait ramenée de force à l’intérieur. Si elle avait été réelle, il l’aurait jetée sur son épaule comme un vulgaire sac de farine pour la faire entrer dans cette chambre, elle en était certaine.

Cet homme, qui était la puissance incarnée, était en train de découvrir que le pouvoir considérable qui l’avait jusque-là sorti de tous les mauvais pas n’avait aucun effet sur Néomi.

Pour une fois, être fantôme était un avantage.

S’il souhaitait sa compagnie, il devait parvenir à la convaincre de revenir, ou l’empêcher de partir.

— J’ai dit pas ce soir.

Se séparer de lui était tout aussi difficile pour Néomi. Mais elle ne pouvait pas tolérer qu’il passe sa colère sur sa maison, encore moins sur elle.

— Fais donc comme tu veux, lâcha-t-il d’un ton glacial en s’en allant.

Tard dans la nuit, alors qu’elle venait de s’assoupir, elle l’entendit crier.

Avant même de comprendre ce qu’elle faisait, elle glissa jusqu’à lui. À la seconde où elle entra, il se redressa dans son lit en hurlant une nouvelle fois, si fort que les vitres vibrèrent.

Comme elle s’approchait de lui en toute hâte, il s’assit au bord du lit.

— Conrad, tout va bien, ce n’est qu’un cauchemar.

La tête entre ses mains attachées, les coudes sur les genoux, il se mit à se balancer d’avant en arrière.

— Ma tête… il y en a trop…

Il semblait serrer si fort que Néomi redouta un instant que son crâne ne se brise.

— Chuuuut. Chuuut, mon cœur. C’est fini, dit-elle en lui caressant le dos par télékinésie.

— Je ne… je ne veux plus être comme ça ! s’emporta-t-il.

— Mais tu vas beaucoup mieux, murmura-t-elle. Bientôt, ces cauchemars auront cessé.

Il fronça les sourcils et se tourna vers elle, comme s’il remarquait soudain sa présence.

— Tu as été… assassinée. Tu me rappelles tout ce que j’ai fait… et ce que cela a provoqué. Et tu me montres ce que j’aurais pu avoir, si j’avais été différent. Tu es ce qui n’allait pas dans mon passé. Et ce qui doit disparaître de mon avenir.

Elle savait qu’il ne se souviendrait de rien, ou presque. Mais elle, si.

— Conrad, ton avenir n’est pas défini. Tu peux encore connaître le bonheur.

— Tu es la punition parfaite pour moi.

— Oh.

Sous le choc, elle se leva pour s’en aller. Il tendit un bras pour l’en empêcher. Lorsque son poing se referma sur le vide, il se retourna et frappa la tête de lit, à bout.

— Un homme a-t-il déjà souhaité son châtiment à ce point ? demanda-t-il, hagard, le visage enflammé.

Sans répondre, elle reprit sa place à côté de lui et lui caressa le front. Elle ne supportait pas de le voir souffrir de la sorte. Si seulement elle avait pu calmer sa douleur ! Il avait été un héros autrefois, un homme qui avait sacrifié sa vie à une cause supérieure. Mais aujourd’hui, il souffrait.

Néomi avait compris très vite que Conrad était un homme brisé à la recherche de son salut. Au cours des trois derniers jours, elle avait acquis la certitude qu’il méritait ce salut.

Il lui vint alors à l’esprit que c’était peut-être à elle de le lui apporter.

Mais comment ? Elle soupira, le força à se rallonger. Autrefois danseuse, élevée dans un monde interlope où peu de choses comptaient en dehors de s’amuser et boire, que pouvait-elle pour un vampire en quête de rédemption ?

Elle allait simplement devoir se servir des moyens à sa disposition. On avait trop souvent tendance à sous-estimer les vertus médicales du whisky et du rire.

Ame Damnée
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